SNLE-NG Le Triomphant.
Mis sur cale le 9 juin 1989
aux chantiers de la DCN Cherbourg, lancé le 26 mars 1994,
le Sous-Marin Nucléaire Lanceur d'Engins de Nouvelle Génération
(SNLE-NG) Le Triomphant est entré en service le
21 mars 1997.
Par sa capacité à tirer en plongée
des missiles à têtes thermo-nucléaires multiples
d'une portée de plusieurs milliers de kilomètres,
le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) est l'élément
de base du dispositif français de dissuasion. La qualité
première du SNLE est de demeurer indétectable.
Ses performances doivent donc s'adapter aux menaces que risqueraient
de faire peser sur lui les progrès des systèmes de
détection sous-marine. C'est la raison d'être de la
nouvelle génération des SNLE dont Le Triomphant
est le premier d'une série de 4 bâtiments.
Plus grand, plus rapide, 1000 fois plus silencieux
que ses prédécesseurs, il est également
doté d'une ouïe 10 fois plus fine. A la conception l'objectif
fixé fut extrêmement ambitieux puisqu'il s'agissait
de réaliser un bateau dont le bruit serait assimilable
à celui du fond de la mer. La Direction des Constructions
Navales a relevé le défi, puisqu'entre Le Redoutable
et Le Triomphant, l'écart de bruit est comparable
à celui que fait un hélicoptère par rapport
à une voiture !
Les nouveaux SNLE
La clé de cette capacité
est peu sensible à l'évolution du contexte géostratégique.
Elle consiste, et c'est un facteur particulièrement important
pour les SNLE chargés d'une éventuelle frappe en second,
à échapper en plongée à tous les systèmes
de détection. S'agissant du domaine très spécifique
de la détection sous-marine, qui repose essentiellement sur
des moyens acoustiques, on observe une augmentation lente mais continue
de la menace qui pèse sur les sous-marins en patrouille,
sans risque prévisible d'apparition de moyens de détection
radicalement différents et plus performants. Les progrès
que l'on enregistre et qui accentuent la menace tiennent à
l'amélioration des moyens de traitement de l'information
qui permettent progressivement d'extraire du bruit de fond de la
mer des manifestations sonores de niveau d'intensité de plus
en plus faible ou à caractère fugitif.
Plus furtivement
L'immensité des zones de patrouille, l'hétérogénéité
du milieu océanique pour la propagation des ondes acoustiques
demeurent des atouts solides pour les SNLE. Néanmoins, pour
rester à l'abri des nombreux moyens qui opèrent en
mer, il est impératif de diminuer le niveau global de bruit
rayonné des sous-marins, de traquer et d'éliminer
les causes d'indiscrétion, même ponctuelles. L'objectif
est désormais de tendre vers un niveau acoustique rayonné
de l'ordre de grandeur de celui du fond de la mer par temps calme.
Cette ambition est à la base même de la conception
des SNLE type Le Triomphant pour lesquels l'impératif
de discrétion absolue a, pour la première fois, été
pris en compte d'une manière globale dans l'expression du
besoin. Cela s'est traduit par des spécifications très
exigeantes sur les niveaux acoustiques tolérés des
différentes machines embarquées et a conduit à
découpler systématiquement de la coque toutes les
sources de bruit potentielles. Les essais à la mer ont montré
que, grâce à ces choix fondamentaux, l'objectif visé
était atteint.
Plus vivement
Pour faire face aux progrès des
moyens de détection, les SNLE doivent toujours mieux connaître,
sur les plans théorique et pratique, un milieu marin complexe
pour être en mesure d'en tirer parti et de disposer du renseignement
le plus précis possible sur l'activité générale
dans leur zone et les mouvements des mobiles constituant des menaces.
Ils doivent parallèlement posséder un système
tactique leur permettant d'apprécier la situation autour
d'eux et d'accroître leur mobilité pour être
à même de manoeuvrer face aux menaces. Jusqu'à
présent, cet objectif de mobilité était peu
compatible avec celui de discrétion acoustique. Là
encore, c'est en traitant le problème dans son ensemble et
dès les choix initiaux d'architecture que l'on est parvenu
sur les SNLE type Le Triomphant à reculer les seuils
d'apparition des phénomènes acoustiques indésirables,
ce qui permet d'étendre sensiblement la gamme de vitesse
que ces sous-marins peuvent adopter en patrouille. Quant au système
d'exploitation tactique, l'amélioration des performances
tient principalement à la qualité du traitement permise
par l'augmentation de la puissance de calcul disponible. Plus profondément
La mobilité dans le plan vertical par l'augmentation de la
plage d'immersion accessible est un autre atout des SNLE type Le
Triomphant. Elle permet de mieux exploiter les singularités
de l'environnement océanographique et, surtout, d'échapper,
le cas échéant, aux moyens de détection aériens
ou spatiaux existants ou susceptibles d'apparaître. Cette
capacité requiert la maîtrise des aciers à haute
élasticité pour la réalisation de la coque
et la conception des systèmes de navigation et de transmissions
radioélectriques adéquats, c'est-à-dire capables
de conserver la précision de la position estimée et
de recevoir des messages même lorsque le sous-marin navigue
durablement en immersion profonde.
Plus souvent
Pouvoir tenir la mer plus souvent que ses prédécesseurs,
c'est-à-dire rentabiliser l'investissement consenti, était
l'un des objectifs assignés aux SNLE type Le Triomphant.
Il se traduit principalement par l'allongement des périodes
d'activité entre grands carénages qui passent de 72
mois pour les SNLE actuels à 90 mois. Ce résultat
a été atteint grâce au choix de technologies
de pointe et à des exigences de qualité pour la réalisation
des équipements. Il faut également souligner l'adéquation
du système de soutien logistique (gestion informatisée
de la documentation technique de bord et du stock embarqué
de pièces de rechange). Ces SNLE se distinguent aussi par
la souplesse d'utilisation des installations dont les systèmes
de conduite et de surveillance font largement appel aux technologies
numériques. Cela a permis, à mission identique, de
réduire l'effectif global embarqué de vingt personnes
par rapport aux SNLE de la génération précédente
(109 au lieu de 128).
Demain,
plus fort et plus loin
L'augmentation de la taille
de ces nouveaux sous-marins par rapport aux premiers SNLE, induite
par l'objectif majeur d'amélioration de la discrétion
acoustique, a permis d'augmenter le volume des tubes lance-missiles
qui sont désormais aptes à mettre en oeuvre des engins
de 55 tonnes, ce qui correspond à un accroissement de capacité
de 20 tonnes par rapport aux missiles M4. Cette «provision
de volume» n'a pas été immédiatement
mise à profit car les missiles M4, mis en service en 1985
et qui, dans leur version M45, répondent bien au besoin actuel,
équipent dans un premier temps les SNLE type Le Triomphant. C'est à
l'horizon 2010 qu'un nouveau type de missile, baptisé M51,
devrait entrer en service. Sa portée, nettement supérieure
à celle du missile M4, et de nouvelles têtes nucléaires
amélioreront l'efficacité globale du système
d'armes en élargissant l'éventail des objectifs potentiels
et en accroissant les zones de patrouille. Les SNLE type Le Triomphant
apportent dans les principaux domaines de l'exécution de
la mission de dissuasion des progrès sensibles par rapport
aux SNLE M4. Les admissions successives au service actif des SNLE
de cette nouvelle génération contribueront à
pérenniser dans les premières décennies du
siècle prochain la capacité de la composante océanique
de la force de dissuasion française, bien assurée
à court terme par les SNLE en service.
Les missiles nucléaires
M4 Ce
missile, entré en service en 1985, est un engin à
trois étages dont les caractéristiques sont :
Longueur : 11,05 m; Diamètre : 1,93 m; Poids
: 36 t au lancement (1er étage : 20 t; 2ème étage
: 8 t; 3ème étage : 1,5 t); Poussée
: 1er étage : 70 t, 2ème étage : 30 t; 3ème
étage : 7 t; Durée de portée : >
5000 km; Charge militaire : 6 têtes nucléaire
furtive TN71 d'environ 150 kt, dotée de capacités
de précision et de pénétration élevées
et durcies aux contre-mesures électroniques. Il équipe
ou a équipé les SNLE du type Le Redoutable.
M45 Ce missile, entré
en service en 1997 et embarqué sur les SNLE type Le Triomphant,
est identique au M4 sauf pour ce qui concerne la portée
(6000 km) et la charge militaire (6 têtes nucléaires
TN75 d'environ 150 kt très furtives, dotées d'aide
à la pénétration et conçues pour déjouer
les contre-mesures prévisibles à long terme).
M51 Ce nouveau missile se
substitue au missile M5 dont l'étude et le développement
ont été abandonnés. Il aura des capacités
en portée et en pénétration accrues par rapport
au M45. Sa structure en carbone-résine polymérisée
particulièrement légère peut résister
à des environnements extérieurs très variés
et à une pression interne pouvant dépasser 130 bars.
La tuyère du 1er étage résiste à une
température d'environ 3000 degrés. Il développe
une poussée 4 fois plus importante qu'un Airbus à
pleine puissance. Il sera opérationnel en 2008 et sera
mis en oeuvre sur Le Terrible, puis sur les 3 premiers de
la série du Triomphant, après refonte de ceux-ci,
en remplacement du M45. Longueur : 12 m; Diamètre
: 2,3 m; Poids : 56 t; Portée : 8000 km.
SLNE-NG Le
Téméraire
Mis sur cale le 18 décembre 1993
aux chantiers de la DCN Cherbourg, lancé le 21 janvier 1998,
le Sous-Marin Nucléaire Lanceur d'Engins de Nouvelle Génération
(SNLE-NG) Le Téméraire est entré en
service le 23 décembre 1999.
C'est le deuxième sous-marin de ce type.
Il est basé à l'Ile Longue près de Brest,
et est intégré à la Force Océanique
Stratégique (FOST).
Avec un équipage de 110 hommes, Le Téméraire
emporte dans ses soutes seize missiles M45 pouvant délivrer
chacun six têtes nucléaires TN-75 d'environ 100 kilotonnes
chacune à plus de 5000 km.
Le Téméraire a procédé
a son premier lancement d'un missile M45 le 4 mai 1999.
SNLE-NG Le Vigilant
Mis sur cale en 1997 aux chantiers de la DCN
Cherbourg, le Sous-Marin Nucléaire Lanceur d'Engins de
Nouvelle Génération (SNLE-NG) Le Vigilant
entrera en service en 2004.
C'est le troisième sous-marin de ce type.
SNLE-NG Le Terrible
Le Sous-marin Nucléaire Lanceurs
d'Engins de Nouvelle Génération (SNLE-NG) Le
Terrible sera le 4ème de la série. La commande
a été signée le 28 juillet 2000 par le ministre
de la Défense. La découpe d'une tôle de 20 tonnes,
destinée à la cloison arrière de la partie
réacteur, a marqué, le 24 octobre 2000, le début
sa construction. Le Terrible est le premier sous-marin
dessiné entièrement numériquement, selon un
système DAO (dessin assisté par ordinateur) testé
sur les vedettes Sawari fabriquées à Lorient pour
l'Arabie Saoudite. L'étude et la production du Terrible
nécessiteront près de 8 millions d'heures de travail,
dont les deux tiers seront assurées par l'arsenal de Cherbourg.
La construction s'achèvera en 2004, la livraison
est prévu pour 2006 et le sous-marin entrera en service
en 2008.
A la différence de ses 3 prédécesseurs,
il recevra dès sa mise en service le nouveau missile nucléaire
stratégique M51. Le quatrième SNLE-NG sera également
équipé d'un nouveau sonar, d'un nouveau système
de navigation et d'un nouveau système de transmission. |