Le missile Aster
Naissance d'un concept
Les années 1980 furent celles du succès des missiles Sol-Air Courte-Portée, comme le Roland ou le Crotale, assurant une protection des forces jusqu'à une dizaine de kilomètres de portée. Les années 1990 sont marquées par les ventes des missiles Sol-Air Très Courte-Portée, complétant la protection des premiers vers le bas, avec des portées de 5 kilomètres. Les années 2000 verront le remplacement des systèmes de Sol/sur-face-Air à Moyenne Portée (de 30 à 100 km) actuellement en service. Qu'il s'agisse de systèmes navals, tels les Sea Sparrow, Standard-Tartar américains ou Sea Dart britanniques, ou de systèmes terrestres, comme les Hawk et Patriot américains, même modernisés plusieurs fois, ces systèmes vieillissants montrent leur limitation face à des cibles toujours plus véloces, furtives, aux trajectoires variées, dans une ambiance de fortes contre-mesures électroniques. Ces systèmes antiaériens existants ont aussi la particularité d'être spécialisés dans une mission : soit la "défense de point" (par exemple, un navire) à courte-moyenne-portée, soit la "défense de zone" (par exemple, une flotte) à moyenne longue-portée.
Une nouvelle famille de missiles
C'est pourquoi, la famille Aster, dès l'origine, répond à au moins trois besoins :
Deux avancées technologiques majeures
Celle-ci repose sur un mode de pilotage révolutionnaire, inventé par Aerospatiale dénomé PIF-PAF : Pilotage d'Interception en Force - Pilotage Aérodynamique Fort, qui donne une grande manoeuvrabilité à toutes les altitudes et une remarquable précision de trajectoire. Il associe un pilotage classique par gouvernes aérodynamiques optimisé avec un pilotage en force assuré par un moteur à poudre à quatre tuyères latérales placées au centre de gravité du missile. Car le problème était d'éviter la rupture de l'engin sous fort facteur de charge lors d'un brusque réalignement sur une trajectoire nouvelle et ce, sans prise d'incidence aérodynamique, afin d'assurer la précision d'impact sur la cible.
Des radars haute performances Avec les technologies développées par Thomson-CSF et Alenia qui les rendent totalement multifonction : surveillance, météo, discrimination des cibles, acquisition, poursuites combinées... La capacité de traitement atteint un milliard d'informations par seconde ! Avec cette puissance, les radars détectent 300 objets volants, en discriminent une soixantaine et guident en simultané jusqu'à seize missiles.
Des succès en rafale Entre 1993 et 1994, les premières campagnes en vol permirent de valider toutes les séquences de fonctionnement du missile en mode piloté dans l'ensemble de son domaine d'emploi en altitude et en distance d'interception. Pendant cette période, fut aussi acquise la validation de la phase de départ de l'Aster 30, avec essais en mode préguidé. Après cette exploration, restait à valider la réalité opérationnelle. En mai 1996, débutaient les tirs avec autoguidage final d'Aster 15 par autodirecteur électromagnétique actif contre des cibles réelles. Ceux-ci ont enregistré un taux de 100% de réussite, avec 6 succès pour 6 tirs : Validation de l'accrochage de l'autodirecteur actif sur une cible et autoguidage du missile jusqu'à l'interception sur cible C22 figurant un avion de combat volant à 270 km/h, à l'altitude de 1000 m et à une distance de 7 km ; Interception réussie grâce au système de pilotage PIF-PAF à 10 km de distance et 1000 m d'altitude sur cible C22 figurant un missile exécutant une manoeuvre latérale de plusieurs "g"; 8 avril 1997 : Interception réussie d'une cible C22 simulant un missile antinavire subsonique volant à environ 10 m d'altitude et à la distance de 7 km 23 mai 1997 : Impact direct sur un missile antinavire Exocet de première génération à 9 km de distance. Ce jour-là, Aster, en protection d'un bâtiment
situé à 7 km de sa position, réalisait son
premier "Hit-to-Kill" contre un missile antinavire de
l'Histoire 13 novembre 1997 : Interception d'une cible en vol rasant en ambiance de très fortes contre-mesures électroniques. Pour cet essai, la charge militaire ne fut pas installée, afin de mieux visualiser la distance de passage du missile et récupérer la cible. Grande fut la surprise lorsque, après récupération du C22, on s'aperçut que celle-ci portait deux profondes entailles laissées par les ailes du "vampire" ! Ce n'était plus du "Hit-to-Kill", mais bien du "Hit-to-Kiss". Avec charge militaire, la "vaporisation" de la cible n'aurait fait aucun doute...
30 décembre 1997 : Interception d'une cible réelle par un Aster 30 (premier tir de qualification) s'est effectuée contre une C22 évoluant à 30 km de distance et à une altitude de 11 000 m, à la vitesse de 900 km/h. Avant de l'atteindre, l'Aster est monté à une altitude de 15 000 m, avant de fondre sur sa proie à la vitesse de 2880 km/h... et passer à moins de 4 m ! 29 juin 2001 : Nouveau test à succès pour le missile européen Aster. Le missile a intercepté en moins de cinq secondes, au large de Toulon, un missile Arabel volant à basse altitude au-dessus de la mer, a indiqué le ministère de la Défense. Pour le ministère, ce test "marque une nouvelle étape dans la progression vers la qualification d'ensemble du système prévue pour le second semestre de cette année". (Les Echos - mardi 10 juillet 2001, 16h22 )
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